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L’exposition aux perturbateurs endocriniens en cosmétique par Expertox

3 septembre 2024

Introduction

Dans le vaste univers de l’industrie, la question des perturbateurs endocriniens (PE) suscite des préoccupations grandissantes. Ces substances chimiques, capables d’interférer avec le système hormonal des organismes vivants, sont présentes dans de nombreux produits de consommation courante, y compris les cosmétiques. Les effets potentiels des PE sur la santé humaine ont conduit à une réglementation renforcée et à une demande croissante de transparence de la part des consommateurs.

Parmi les substances avérées ou suspectées perturbatrices endocriniennes les plus couramment rencontrés dans les produits cosmétiques, on retrouve notamment les phtalates, le bisphénol ou encore certains filtres solaires. Ces substances peuvent être utilisées comme additifs pour améliorer la texture, la stabilité ou la durée de vie des produits, ou dans les emballages plastiques, desquels elles peuvent migrer dans le produit via le phénomène de l’interaction contenu-contenant. Leur présence soulève des questions quant à leur impact sur la santé humaine, en particulier lorsqu’ils sont utilisés de manière répétée sur la peau ou absorbés par le corps.

Réglementations Européenne et française

En réponse à ces préoccupations, la réglementation sur les PE dans les produits cosmétiques a évolué. Du côté de l’Europe, le 7 novembre 2018, la Commission a adopté l’examen des substances présentant des propriétés de perturbation endocrinienne (PE) dans le cadre du règlement cosmétique européen 1223/2009. La Commission s’était notamment engagée à établir une liste prioritaire des PE potentiels non encore couverts par des interdictions ou des restrictions dans la Réglementation cosmétiques en vue de leur évaluation ultérieure en matière de sécurité. Ainsi, une liste prioritaire de 28 PE potentiels dans les cosmétiques a été consolidée début 2019 sur la base des contributions fournies lors d’une consultation des parties prenantes. La Commission a lancé un appel public à données en 2019 pour 14 substances (groupe A) et un deuxième appel en 2021 pour 10 substances (groupe B) en préparation de l’évaluation de sécurité de ces substances. [1,2].

En France, la loi AGEC vient encore renforcer les exigences en termes de sécurité. En effet, le Décret n° 2021-1110 du 23 août 2021 qui précise les modalités de divulgation de la présence de PE dans les produits, fixe des seuils et des délais pour la mise à disposition de ces informations au public. Depuis le 12 avril 2024, les industriels ont l’obligation de mettre à disposition du public des informations sur la présence de perturbateurs endocriniens, dès lors que leur concentration est supérieure à 0.1% en pourcentage massique soit dans le produit concerné, soit dans son emballage primaire. [3]

Exemple de substances suspectées ou avérées PE retrouvées dans les cosmétiques (liste non exhaustive)

Contaminant potentiel : le Bisphénol A (BPA)

Le bisphénol A (BPA, 4,4´-isopropylidènediphénol) est largement utilisé et retrouvé dans de nombreux produits de consommation courante de par son utilisation dans la production de plastiques en polycarbonate notamment. [4]. Etant produit en grandes quantités, l’exposition humaine au BPA est très élevée. [5 & 6].

Les effets du BPA sur les systèmes reproducteurs féminin et masculin peuvent être néfastes. Des études ont démontré qu’il peut jouer un rôle dans le développement du cancer de l’utérus et des ovaires, ainsi que dans le déclenchement précoce de la puberté chez les humains. De plus, il est soupçonné de jouer un rôle dans l’apparition du syndrome des ovaires polykystiques. Quant aux hommes, il pourrait compromettre leur fertilité et contribuer à la formation du cancer de la prostate. [6]

Contaminants potentiels : les phtalates

Les phtalates sont largement utilisés comme composés qui augmentent la plasticité des produits en chlorure de polyvinyle (PVC), y compris les produits cosmétiques. [7].

Chez les hommes, des substances comme le DEHP et le DBP peuvent réduire la production de testostérone, entraînant une diminution du nombre de spermatozoïdes et augmentant le risque de certains problèmes de santé, comme le cancer des testicules. Chez les femmes, ces produits peuvent affecter la production d’hormones féminines, entraînant par exemple des problèmes de fertilité. Ces effets ont été observés chez des animaux et des humains. Les métabolites des PAEs, tels que le MBP, le MBzP, le MEHP et le MiNP, ont également été associés à des effets négatifs sur la santé reproductive. Les PAEs peuvent également jouer un rôle dans le développement de maladies comme l’obésité et le diabète de type 2. En outre, ils peuvent perturber le développement des follicules ovariens, ce qui peut avoir des conséquences sur la santé reproductive des femmes. [8].

Filtres solaires : les benzophénones

Dans l’industrie cosmétique, les benzophénones sont un groupe de substances largement utilisées dans divers produits, notamment les crèmes solaires, les crèmes pour le visage et les produits de maquillage. Ces substances, telles que la benzophénone-1, la benzophénone-3 (oxybenzone); sont principalement ajoutées aux formulations cosmétiques en tant que filtres UV. Cependant, leur utilisation suscite des préoccupations en raison de leurs éventuelles propriétés de perturbation endocrinienne (PE), qui peuvent avoir un impact sur la santé humaine. La Benzophenone, Benzophenone-3, Benzophenone-1 (BP-1), Benzophenone-2 (BP-2), Benzophenone-4 (BP-4), Benzophenone-5 (BP-5) sont d’ailleurs toutes présentes dans la liste prioritaire des 28 PE potentiels dans les cosmétiques de la Commission Européenne, L’évaluation de ces substances est actuellement en cours. Selon les dernières études, elles ne présenteraient néanmoins pas toutes des effets PE. C’est le cas de la BP-4, pour laquelle le 27 mars 2024 le SCCS a conclu qu’elle ne démontre pas de propriétés de perturbation endocrinienne. [9].

La benzophenone-3 (BP-3), quant à elle, présente certaines préoccupations en matière de santé humaine. Des études ont montré que le BP-3 peut agir sur les récepteurs des œstrogènes et des androgènes, avec des effets tels que des activités œstrogéniques, anti-œstrogéniques et anti-androgéniques. [10]. Chez les rongeurs, des expositions importantes par voie orale ont été associées à une diminution de la fertilité et à des altérations de la reproduction. [11]. À contrario, une application cutanée de doses élevées (jusqu’à 400 mg/kg/jour) chez les souris mâles n’a pas affecté le poids des organes reproducteurs ni la production et la qualité des spermatozoïdes. [12].

Fin mars 2021; le SCCS estime que, bien qu’il existe des indications provenant de certaines études suggérant que le BP-3 pourrait avoir des effets endocriniens, les preuves globales ne sont pas suffisamment concluantes actuellement pour déterminer si le BP-3 est une substance perturbatrice endocrinienne ou non, et estime que cela justifie des investigations supplémentaires. [13].

 

Conclusion

L’exposition aux perturbateurs endocriniens (PE) demeure une préoccupation majeure pour la santé publique. Ces substances, présentes dans de nombreux produits du quotidien, ont le potentiel de perturber le système hormonal des êtres vivants, ce qui soulève des inquiétudes quant à leurs effets sur la santé humaine.

Face à cette problématique, les réglementations européenne et française ont progressivement renforcé les exigences en matière de sécurité et de transparence dans l’industrie cosmétique. Des mesures telles que l’établissement de listes prioritaires de PE potentiels dans les cosmétiques et l’obligation de divulgation de leur présence aux consommateurs ont été mises en place pour garantir une meilleure protection.

Malgré les progrès réalisés, des études supplémentaires sont nécessaires pour évaluer pleinement les risques pour la santé humaine et environnementale associés aux PE dans les cosmétiques. Il est donc crucial de poursuivre les efforts de réglementation, mais également de mener des dosages de contaminants et des évaluations de la sécurité des chaque produit cosmétique pour garantir des produits cosmétiques sûrs et respectueux de la santé. Pour vous accompagner dans cette démarche, le cabinet EXPERTOX peut vous conseiller sur vos formulations, et réaliser des évaluations du risques spécifiques sur vos produits. N’hésitez pas à nous contacter !

 

CONTACT

EXPERTOX

Lona GUILLEMIN, Dr Stephane PIRNAY

EXPERTOX – Cabinet d’expertises toxicologiques et Laboratoire d’analyses industrielles

Nouvelle adresse : 83 rue Maurice Berteaux 95360 Montmagny

cabinetexpertox@gmail.com  – www.expertox.eu

 

 

 

Bibliographie :

[1] Call for data on ingredients with potential endocrine-disrupting properties used in cosmetic products – European Commission 16/05/2019. Available online : https://ec.europa.eu/newsroom/growth/items/651201/en

[2] Call for data on ingredients with potential endocrine-disrupting properties used in cosmetic products – European Commission 15/02/2021. Available online : https://ec.europa.eu/newsroom/growth/items/702447/en

[3] Information des consommateurs sur la présence de perturbateurs endocriniens dans les produits : trois arrêtés ministériels précisent les modalités d’application de cette obligation – Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Consulté le 12/04/2024 Disponible en ligne : https://www.ecologie.gouv.fr/information-des-consommateurs-sur-presence-perturbateurs-endocriniens-dans-produits-trois-arretes

[4] Kang JH, Kondo F, Katayama Y. Human exposure to bisphenol A. Toxicology 2006; 226: 79-89.

[5] Corrales J, Kristofco LA, Steele WB, Yates BS, Breed CS, Williams ES, Brooks BW. Global Assessment of Bisphenol A in the Environment: Review and Analysis of Its Occurrence and Bioaccumulation. Dose Response 2015; 13: 1559325815598308.

[6] ANSES – Évaluation des risques du bisphénol A (BPA) pour la santé humaine (2013)

[7] Kawakami T, Isama K, Matsuoka A. Analysis of phthalic acid diesters, monoester, and other plasticizers in polyvinyl chloride household products in Japan. J Environ Sci Health A Tox Hazard Subst Environ Eng. 2011; 46: 855-864.

[8] Czarnywojtek A, Jaz K, Ochmańska A, Zgorzalewicz-Stachowiak M, Czarnocka B, Sawicka-Gutaj N, Ziółkowska P, Krela-Kaźmierczak I, Gut P, Florek E, Ruchała M. The effect of endocrine disruptors on the reproductive system – current knowledge. Eur Rev Med Pharmacol Sci. 2021 Aug;25(15):4930-4940. doi: 10.26355/eurrev_202108_26450. PMID: 34355365.

[9] Scientific Committee on Consumer Safety SCCS OPINION on benzophenone – 4 SCCS/1660/23 Final Opinion 27 March 2024.

[10] Kunz PY, Fent K, 2006 Multiple hormonal activities of Uv filters and comparison of in vivo and in vitro estrogenic activity of ethyl-4-aminobenzoate in fish. Aquat Toxicol 79: 305-324.

[11] Chapin R, Gulati D, Mounce R, 1997 2-Hydroxy-4-methoxybenzophenone. Environ Health Perspect 105: Suppl. 1: 313-314.

[12] Daston GP, Gettings SD, Carlton BD, et al, 1993 Assessment of the reproductive toxic potential of dermally applied 2-Hydroxy-4-methoxybenzophenone to maleB6C3F1 Mice. Fundam Appl Toxicol 20: 120-124.

[13] Scientific Committee on Consumer Safety SCCS OPINION on Benzophenone-3 – SCCS/1625/20 Final Opinion 31 March 2021.