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Impact environnemental des cosmétiques : Zoom sur les produits solaires par EXPERTOX

par Pauline LIMOGES, Lona GUILLEMIN, Marine GUILLAUME, Dr Stephane PIRNAY.

 

Dans le contexte actuel du « Toxic Free Environment » annoncé par la Commission européenne, il est devenu nécessaire d’évaluer l’impact environnemental de nos produits. Depuis plusieurs années, il existe des obligations concernant les médicaments à réaliser une évaluation de ce risque environnemental appelée « Environmental risk assessment » (ERA) [1]. Cependant qu’en-est-il des cosmétiques ?

Selon plusieurs études, il est soutenu que les cosmétiques présentent un risque environnemental potentiellement plus significatif et immédiat que les produits pharmaceutiques. [2-3] Cette affirmation repose sur deux principaux arguments. Premièrement, étant donné que les cosmétiques sont généralement appliqués par voie externe, il est plus probable que des substances actives soient libérées dans l’environnement, en particulier dans les milieux aquatiques, sous forme inchangée. Cette probabilité est encore plus élevée lorsqu’il s’agit de cosmétiques qui sont rincés après usage. Deuxièmement, plusieurs études ont mis en évidence que les produits cosmétiques sont utilisés par des populations beaucoup plus nombreuses et sur des périodes de temps plus longues par rapport aux produits pharmaceutiques. [2-3]

Ainsi, les produits cosmétiques peuvent avoir un impact sur l’environnement en raison de leur utilisation et de leur composition. Il est donc essentiel de comprendre et de caractériser précisément ce risque environnemental afin de réduire au minimum la contamination des écosystèmes naturels et d’être préparé aux futures réglementations.

 

Exposition des cosmétiques à l’environnement :

Dans le but de caractériser ce risque, il est important de déterminer l’exposition du produit à l’environnement.

Comme précisé précédemment, les produits cosmétiques ont une forte probabilité de polluer les zones aquatiques du fait de leur utilisation externe. Cela représente la première voie d’exposition appelée « voie directe ». Elle consiste à la contamination des eaux par la baignade ou par la réalisation d’autres activités récréatives dans l’eau. [4] [5]

La seconde voie, « voie indirecte » est responsable de la majorité des sources de contaminations. [3] Elle implique le réseau des eaux usées. Ce dernier est contaminé par le lavage des vêtements ou autres tissus ayant été en contact avec les produits ou bien encore par l’eau évacuée à la suite d’une douche ou d’un bain. De plus, suite au passage transcutané des produits appliqués sur la peau, une partie peut être excrétée par les urines et se retrouver dans le réseau des eaux usées également. [5-7]

Les eaux usées peuvent ensuite être insuffisamment décontaminées et polluer les eaux marines ou de surface (rivières, lacs…). [2] [6] Selon la décontamination des eaux et le caractère persistant des substances, cela peut mener à différentes contaminations.[1] En effet, selon les propriétés des substances il est possible de retrouver des traces d’ingrédients cosmétiques dans des organismes marins, des poissons ou encore des eaux de boisson. [6-7]

De plus, selon leur caractère lipophile, certaines substances cosmétiques peuvent s’accumuler dans les sols et ainsi contaminer des sédiments ou boues. Ces boues peuvent être utilisées comme fertilisants agricoles et ainsi contaminer des végétaux mais aussi des animaux et des Hommes. [2] [6] Des analyses ont mis en évidence des traces de substances cosmétiques dans du lait maternel impliquant ainsi une possible contamination de nouveau-nés. [5]

 

Schéma 1 : Voies de contamination environnementale des cosmétiques  [EXPERTOX Juin 2023]

 

Le cas des filtres UVs dans les produits solaires :

Les filtres ultraviolets (UV) sont des composés qui absorbent, réfléchissent ou diffusent des rayons UV. On les retrouve majoritairement dans la composition d’écrans solaires. L’utilisation croissante de cette catégorie de produit cosmétique entraîne une augmentation de la pollution des zones marines par ces composés et font des filtres UVs des polluants émergents des eaux marines. [4] [8] Ces filtres adoptent différents comportements une fois libérés dans l’eau, selon leurs propriétés physicochimiques et leur potentiel de biodégradation. Certains filtres UV se dégradent rapidement par photodégradation à la surface de l’eau ou plus lentement par des microorganismes dans les sédiments marins, tandis que d’autres s’accumulent dans les organismes aquatiques, pouvant être métabolisés ou amplifiés le long de la chaîne alimentaire. C’est ainsi que des traces de filtres UV ont été détectées dans divers organismes marins. [4] [9]

Actuellement, des législations se mettent déjà en place dans certains Etats afin de lutter contre la pollution des coraux et autres écosystèmes marins. C’est le cas notamment à Hawaï, aux îles vierges américaines ou encore dans certaines réserves naturelles au Mexique, où la vente et l’utilisation de crèmes solaires contenant certains filtres UV organiques sont interdites. Parmi ces filtres nous retrouvons les filtres organiques les plus étudiés tels que la benzophénone-3 (BP-3 ; oxybenzone), le méthoxycinnamate d’éthylhexyle (EHMC ; octinoxate), ainsi que l’octocrylène (OC) et le 4-méthyl-benzylidène camphre (4-MBC). Ces derniers sont libérés dans l’environnement aquatique par les voies directes et indirectes décrites précédemment et suivent un devenir propre à leurs propriétés physicochimiques. [4]

Concernant la voie directe, des études ont évalué la quantité de crème solaire libérée dans la mer sur la côte méditerranéenne française et ont estimé que pour tous les 3 000 visiteurs, une masse totale de 16,7 kg de filtres UVs serait libérée dans la mer chaque jour lors de la saison estivale. Autrement, une étude américaine récente a estimé la libération dans les eaux usées de dioxyde de Titane (TiO2), un filtre UV largement utilisé, entre 4,4 et 32,4 mg par foyer, chaque jour. [4]

Des filtres UVs au caractère lipophile, peuvent aussi être absorbés dans le milieu terrestre et notamment par des boues et sédiments. [2] Cependant il s’agit de quantités plus faibles que celles retrouvées dans le milieu aquatique. [6]

 

D’autres ingrédients cosmétiques impactant la biodiversité :

Il existe d’autres substances largement utilisées dans les cosmétiques ayant également un impact environnemental. Par exemple, différents silicones peu biodégradables et toxiques pour certains organismes [10] ou encore certains tensioactifs peu biodégradables utilisés dans des shampooings et après-shampooings. [11-12]

Futures réglementations à venir et évaluation du risque environnemental :

Aujourd’hui, une réelle nécessité d’évaluer l’impact environnemental des cosmétiques s’impose. Que ce soit par les dernières études réalisées, notamment sur l’impact des filtres UVs, ou encore par l’investissement grandissant des agences de sécurité et du gouvernement quant à la sensibilisation des industries sur ce sujet. En effet, dans le rapport sur la transition écologique de la filière parfums et cosmétiques de février 2022, adressé au ministre de la transition écologique, il est recommandé d’améliorer la connaissance des impacts environnementaux des produits cosmétiques en mettant en place un programme ambitieux se déroulant sur plusieurs années. [13]

Les prochaines évolutions réglementaires qui concernent l’ensemble des produits chimiques, y compris les produits cosmétiques dans le cadre de la stratégie du « toxic-free environment » en Europe, ainsi que la récente publication du guide CNC des allégations environnementales, vont également dans ce sens et soulignent l’importance d’évaluer les risques environnementaux. [14 ; 15]

C’est ainsi, en lien avec ces récentes amorces réglementaires, que le cabinet d’expertise toxicologique EXPERTOX propose aux industriels de les aider sur l’évaluation du risque environnemental de leurs produits cosmétiques en leur établissant un rapport complet, à l’image de celui imposé aux médicaments, portant sur l’impact environnemental d’une substance d’intérêt. Expertox propose également aux industriels d’évaluer le score d’écotoxicité d’une formule cosmétique sur certains paramètres spécifiques, permettant ainsi de cibler les éventuels ingrédients faisant augmenter le score global.

Pour en savoir davantage, n’hésitez pas à visiter notre site internet http://www.expertox.eu/ et à nous suivre sur Linkedin https://www.linkedin.com/company/cabinetexpertox/.

Vous pouvez également nous contacter à l’adresse mail suivante : expertoxcom@gmail.com .

*publirédactionnel

 

EXPERTOX

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expertoxcom@gmail.com

01.43.67.85.03

 

 

 

Bibliographie :

[1] Guideline on the environmental risk assessment of medicinal products for human use, EMEA, 2006

[2] Juliano C, Magrini GA. “Cosmetic Ingredients as Emerging Pollutants of Environmental and Health Concern. A Mini-Review”. Cosmetics. 2017; 4(2):11. https://doi.org/10.3390/cosmetics4020011

[3] Gkika, Despina A et al. “Cosmetic wastewater treatment technologies: a review.” Environmental science and pollution research international vol. 29,50 (2022): 75223-75247. doi:10.1007/s11356-022-23045-1

[4] Lebaron, P. “UV filters and their impact on marine life: state of the science, data gaps, and next steps.” Journal of the European Academy of Dermatology and Venereology: JEADV vol. 36 Suppl 6 (2022): 22-28. doi:10.1111/jdv.18198

[5] M. Silvia Díaz-Cruz, D. Barceló. “Chemical analysis and ecotoxicological effects of organic UV-absorbing compounds in aquatic ecosystems” TrAC Trends in Analytical Chemistry vol. 28,6 (2009) 708-717. https://doi.org/10.1016/j.trac.2009.03.010

[6] Ramos, Sara et al. “A review of organic UV-filters in wastewater treatment plants.” Environment international vol. 86 (2016): 24-44. doi:10.1016/j.envint.2015.10.004

[7] Li, Weihong et al. “Occurrence and behavior of four of the most used sunscreen UV filters in a wastewater reclamation plant.” Water research vol. 41,15 (2007): 3506-12. doi:10.1016/j.watres.2007.05.039

[8] Sánchez-Quiles, David, and Antonio Tovar-Sánchez. “Are sunscreens a new environmental risk associated with coastal tourism?.” Environment international vol. 83 (2015): 158-70. doi:10.1016/j.envint.2015.06.007

[9] Gago-Ferrero, Pablo et al. “An overview of UV-absorbing compounds (organic UV filters) in aquatic biota.” Analytical and bioanalytical chemistry vol. 404,9 (2012): 2597-610. doi:10.1007/s00216-012-6067-7

[10] Sounouvou, Hope T et al. “Silicones in dermatological topical drug formulation: Overview and advances.” International journal of pharmaceutics vol. 625 (2022): 122111. doi:10.1016/j.ijpharm.2022.122111

[11] Ying, Guang-Guo. “Fate, behavior and effects of surfactants and their degradation products in the environment.” Environment international vol. 32,3 (2006): 417-31. doi:10.1016/j.envint.2005.07.004

[12] Ivanković, Tomislav, and Jasna Hrenović. “Surfactants in the environment.” Arhiv za higijenu rada i toksikologiju vol. 61,1 (2010): 95-110. doi:10.2478/10004-1254-61-2010-1943

[13] Kahn P. Mouchard A. Saint-Germain S.  “Rapport sur la transition écologique de la filière parfums et cosmétiques” Ministère de la Transition écologique (2022)

[14]. European Commission “Restrictions Roadmap under the Chemicals Strategy for Sustainability” – Brussels, 25.4.2022

[15] Conseil National de la Consommation « Guide pratique des allégations environnementales » (2023)

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