La peau sous toutes ses coutures par Michelle Vincent – La Cosmétothèque
15 juin 2015
Michelle Vincent nous invite à poursuivre la découverte de la recherche clinique en cosmétique au travers des travaux et des contributions qui ont aidé petit à petit à décrire la notion de « peau saine ». Ces approches ont permis des avancées importantes à cette industrie qui jusque-là ne s’intéressait à la peau que par le biais des ingrédients et de la formulation. Dès lors que la synthèse entre les caractéristiques cutanées et les ingrédients a été faite, le développement de produits efficaces a pris une autre allure. Dans cette partie, Michelle nous invite à revivre l’aventure de la bio-ingénierie cutanée du côté de Besançon. – Jean-Claude Le Joliff
2. Le développement des systèmes de mesure
Les années 30 ont vu l’essor de grandes marques cosmétiques créés par des femmes de caractère telles qu’Helena Rubinstein, Elisabeth Arden, Ella Baché ou encore par le talentueux chimiste Eugène Schueller, dont la société est devenue la multinationale L’Oréal. À cette époque, la cosmétique est encore dans une démarche quelque peu empirique. Les mesures scientifiques de l’effet des produits sur la peau sont balbutiantes. Petit à petit, entre autres sous la pression de l’industrie, la connaissance de la peau va fortement évoluer par l’apport de techniques ou de moyens d’évaluation qui permettront de définir plus précisément les caractéristiques de la peau, mais également de commencer à mesurer objectivement les effets des produits. Une nouvelle ère de collaboration entre dermatologie et cosmétique va s’ouvrir et proposer des voies de progrès importantes.
Au commencement, les prises d’empreintes
L’aventure débute avec le développement de la biophysique et de la métrologie cutanée, suite, entre autres, aux travaux du dermatologue tchèque J. Zahejsky, qui propose une technique de prise d’empreintes pour étudier la microtopographie de la surface de l’épiderme. Les apports des nouveaux appareillages et techniques de chimie et de physique permettront de mieux connaître la peau saine et d’objectiver les effets des produits. On passe ainsi d’un monde d’allégations à un monde de preuves. De grands progrès issus de la biophysique sont à la source de l’évaluation clinique et de la mesure des effets des produits.
La création en mars 1951 de la Société Française de Cosmétologie (SFC) va contribuer à la diffusion des connaissances. Mais il faudra attendre la fin des années 70 pour véritablement voir émerger la biométrologie cutanée. C’est ainsi que les laboratoires vont intégrer petit à petit ces appareils de biophysique permettant d’investiguer les caractères de la peau saine, jusque-là uniquement définis par opposition à la peau pathologique. Une nouvelle science va se développer autour de fonctions nouvelles. Ce sera principalement l’apport de ce que l’on appellera plus tard les « sciences du vivant ». Une « nouvelle peau » va peu à peu prendre forme sous nos yeux, celle d’un organe complexe, multi-compartimenté, plurifonctionnel, émettant et recevant, etc. Cette notion va remplacer progressivement celle, plus ancienne et statique, d’une simple enveloppe de cellules dites mortes. De ce fait, la Cosmétologie va faire des progrès importants, tant dans la définition des ingrédients que des routines de beauté.
L’objet de cet article n’est pas de faire une liste exhaustive de tous les appareils existants, mais de relater quelques initiatives de précurseurs en leur temps et peut-être d’imaginer le futur.
Nous devons cette nouvelle contribution à Michelle Vincent avec la collaboration des équipes du CERT. Nous remercions tout particulièrement Philippe Humbert pour sa contribution et sa disponibilité.
Michelle Vincent
Diplômée de l’ENSAM Montpellier (aujourd’hui SupAgro) en sciences des aliments, Michelle commence sa carrière comme ingénieur Qualité dans le groupement Intermarché. Au cours de cette première expérience, elle côtoie des PME et des filières amont de l’industrie agro-alimentaire. En 1993, le destin la conduit vers un univers plus glamour, celui des cosmétiques. Elle intègre Chanel à Neuilly sur Seine. Son challenge : mettre en place un laboratoire d’analyse sensorielle afin d’optimiser les galéniques des formules cosmétiques. En 2008, changement de cap pour la presse professionnelle en tant que directrice des rédactions. Parallèlement fin 2012, elle crée son cabinet conseil pour accompagner les entreprises dans le développement de méthodes d’évaluation cosmétique et de rédaction de contenu scientifique. Enfin, elle est enseignante à l’ISIPCA sur des modules de développement durable, RSE, filière du naturel. Elle collabore à la Cosmétothèque® depuis sa création.