L’innovation en ingénierie tissulaire est portée par l’impression 3D via Lyon Biopôle
18 janvier 2016
Réuni par Lyon bio-pôle l’écosystème biotech rhônalpin a récemment fait le point sur les enjeux technologiques qu’il reste à lever pour franchir un nouveau cap en matière de bio-impression de tissus, vaisseaux, cartilages et organes.
Novembre 2015
Les avancées de l’impression 3D ont animé l’actualité des secteurs pharmaceutique et biotech ces derniers mois : après l’annonce en mai du partenariat entre L’Oréal et Organovo pour la bio-impression 3D de tissus humains destinés aux tests cosmétiques, la biotech Poietis a signé un accord de R&D avec BASF pour collaborer sur des applications avancées dans le soin de la peau à partir de bio-impression 3D. Début août, le laboratoire américain Apricia obtenait l’AMM de la FDA pour le Spritam, 1er comprimé produit par impression 3D. Un marché estimé à 8 milliards de dollars en 2020*. (*source : Etude « Marketsans Markets » publiée en novembre 2014. http://www.marketsandmarkets.com/Market-Reports/3d-printing-market-1276.htm)
Ces innovations font directement écho aux sujets discutés par les 70 membres de Lyonbiopôle, le 6 juillet dernier, lors d’un atelier sur l’ingénierie tissulaire. Au cœur des débats : les verrous technologiques à lever pour assurer l’industrialisation de l’impression 3D à des fins de production de tissus humains, greffons (cornée, cartilage…), vaisseaux, voire des organes, tout en garantissant biosécurité et biocompatibilité.
La communauté biotech rhônalpine est en effet très impliquée et moteur au niveau national et international en matière d’ingénierie tissulaire. Elle compte plus d’une cinquantaine d’acteurs positionnés sur le sujet couvrant toutes les disciplines concernées – biomolécules, biomatériaux, technologies, cellules. C’est aussi à Lyon que L’Oréal fait depuis plusieurs dizaines d’années des recherches sur la fabrication de peau dans son laboratoire Episkin. Sans compter le projet 3d.FAB, de plateforme mutualisée dédiée à l’impression tridimensionnelle de tissus et organes qui est en cours de développement et sera lancée prochainement sur le campus scientifique de la Doua, aux côtés des autres laboratoires de recherche et infrastructures en ingénierie tissulaire existantes.
Sont fondateurs du projet 3d.FAB : l’Institut de Chimie et Biochimie Moléculaires et Supramoléculaires (ICBMS), le Laboratoire de Chimie de l’Ecole Normale Supérieure et les filiales de l’Université Lyon 1, Lyon Ingénierie Projets (LIP) et différentes PME partenaires : LabSkin Creations, AXOscience et TOBECA® MicroLIGHT). La plateforme 3d.FAB serait adossée également à l’Université Joseph Fourier de Grenoble, à la plateforme Axel One, et soutenue par le pôle de compétitivité Lyonbiopôle. Sont ainsi ressorties à l’issue de l’atelier, 3 questions majeures qu’essaient de résoudre tous les acteurs au niveau mondial : – Limiter les réactions qui surviennent au niveau de la matrice lorsqu’y sont implantés des matériaux et biomatériaux ; cela demande de comprendre et de maîtriser des nombreuses interactions au sein de la matrice extracellulaire. – Reproduire la vascularisation des tissus. A ce jour, deux techniques sont explorées : l’encapsulation et la décellularisation qui, l’une et l’autre, garantissent la stabilité de la matrice, au moins pendant un temps donné. – Rendre possible la personnalisation des tissus, greffons ou organes produits en fonction de chaque patient.
Les participants se sont aussi penchés sur 4 technologies disponibles pour l’impression 3D (jet d’encre, laser, microvanne, bioextrusion) en s’interrogeant à la fois sur le niveau de précision garanti par chacune d’elles et le rapport « coût – efficacité thérapeutique ».
Une fois ces questions résolues, il restera à sécuriser l’environnement réglementaire qui, pour le moment, n’incite ni les laboratoires ni les biotechs à investir sur des produits d’ingénierie tissulaire. Mais c’est un autre sujet… à lire dans un prochain billet !