Les éléments inorganiques peuvent être introduits dans les formulations cosmétiques soit en tant qu’ingrédient, soit en tant que contaminant. De nombreux pays ou régions du monde ont mis en place une législation visant à limiter la présence de certains éléments dans les cosmétiques ou les produits de soins personnels afin de garantir un niveau élevé de protection de la santé humaine.
Dans cet article « Parole d’expert » du laboratoire LaCoMeD, nous posons 5 questions à notre experte Sylvie Barrault, afin d’en savoir plus sur les raisons pour lesquelles des analyses élémentaires doivent être effectuées, comment ces tests sont réalisés et les défis potentiels à surmonter.
Question 1. Pourquoi les fabricants doivent-ils effectuer des tests pour quantifier les impuretés élémentaires dans les cosmétiques ?
Les métaux lourds ou les impuretés métalliques présentes à l’état de traces dans les cosmétiques présentent des risques potentiels pour la santé des consommateurs. Par exemple, des métaux lourds tels que l’arsenic, le cadmium, le plomb et le mercure peuvent être toxiques selon les niveaux d’exposition (fréquence, durée et quantité) et d’autres comme le nickel, le cobalt ou le chrome, peuvent provoquer des allergies chez certaines personnes.
De plus, certains produits, comme les rouges à lèvres et les gloss, peuvent être ingérés ou absorbés. Il est donc essentiel pour la sécurité des consommateurs de connaître les niveaux potentiels de ces métaux lourds et de bien comprendre les niveaux d’exposition et le risque toxicologique qu’ils représentent. En Europe, l’annexe II du règlement (CE) 1223 / 2009 interdit l’utilisation de certains métaux lourds et de leurs composés : plomb, cadmium, arsenic, antimoine et mercure, avec des exceptions pour certains composés du mercure dont l’utilisation en tant que conservateurs est autorisée (annexe V).
Mais, comme stipulé dans l’article 17 du règlement, la présence de ces substances interdites est parfois techniquement inévitable malgré le respect des bonnes pratiques de fabrication et est donc permise à l’état de traces. Il est donc nécessaire de vérifier les teneurs pour protéger les consommateurs et respecter la règlementation.
Question 2 : Quelles sont les contraintes liées à l’analyse élémentaire ?
La technique utilisée pour le dosage des éléments traces métalliques, la Spectrométrie de Masse avec Plasma à Couplage Inductif (ICP-MS), permet uniquement l’analyse de solutions aqueuses liquides. Donc, quelles que soient la forme physique et la nature du produit cosmétique (crèmes, lotions, gels, dentifrices, cires, savons, rouges à lèvres, eye-liners, déodorants, fonds de teint, ombres à paupières…), il faut digérer (détruire) la matrice pour solubiliser les éléments à quantifier. Cette étape de digestion (minéralisation) est réalisée en milieu fermé dans des fours micro-ondes avec contrôle de température et/ou pression et à l’aide d’un ou plusieurs acides minéraux forts.
Les acides les plus couramment utilisés sont l’acide nitrique (HNO3), l’acide chlorhydrique (HCl), l’acide sulfurique (H2SO4) et l’acide fluorhydrique (HF).
Question 3 : Quels sont les défis à relever pour la préparation ou la digestion des échantillons ?
Le choix des acides est un facteur important pour la minéralisation complète des échantillons. Chaque acide, y compris le HF, a ses propres avantages. Par exemple, pour les produits cosmétiques, l’utilisation de l’HF peut être considérée comme très efficace dans la minéralisation des composés de silice.
Il a cependant l’inconvénient, en plus de sa dangerosité pour l’opérateur, de faire précipiter certains éléments entrainant une sous-estimation des résultats et des mesures non reproductibles. Le principal défi consiste donc à mettre en solution les éléments d’intérêt sans volatilisation ni précipitation de ceux-ci, soit par extraction, soit par minéralisation complète de la matrice.
En analyse élémentaire, les résultats sont interdépendants du protocole de préparation appliqué aux échantillons. La publication de la norme ISO 21392 pour le dosage des métaux lourds dans les produits finis cosmétiques va permettre d’harmoniser les pratiques et de rendre les résultats comparables.
Question 4 : Comment déterminez-vous les niveaux de concentration dans les échantillons ?
Une fois en solution, les échantillons peuvent être analysés par Plasma à Couplage Inductif (ICP) couplé, soit à un Spectromètre d’Emission Optique (ICP-OES, aussi appelé Spectromètre d’Emission Atomique ICP-AES) pour les éléments majeurs, soit à un Spectromètre de Masse (ICP-MS) pour les éléments mineurs et les traces. Ces techniques permettent l’analyse simultanée d’environ 70 éléments de la classification périodique avec moins d’1g d’échantillon.
Question 5 : Comment vous assurez-vous que ces mesures soient justes ?
Lors de l’étape de préparation, nous réalisons des blancs et des contrôles que nous analysons en même temps que les échantillons. Nous utilisons des standards certifiés pour faire les étalons et d’autres standards certifiés indépendants pour contrôler les gammes d’étalonnage. Enfin, nous participons plusieurs fois dans l’année à des Essais Inter Laboratoires (EIL) sur différents types de matrices cosmétiques.
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