Les essais de toxicologie visent à déterminer les propriétés toxiques intrinsèques des substances chimiques. La règlementation impose de déterminer les effets sur la santé humaine et les effets sur l’environnement. Nous ne nous occuperons que des effets sur la santé humaine, lesquels sont largement évalués selon les normes actuelles… sur des animaux !
Les résultats des tests de toxicologie sont utilisés par les autorités pour évaluer un danger et un risque. Le danger que représente une substance donnée résulte de ses propriétés toxiques intrinsèques. Le risque résulte à la fois de ces propriétés et des conditions dans lesquelles nous pouvons y être exposés. Par exemple, un intermédiaire de synthèse (substance produite lors du processus industriel de transformation ou d’extraction d’une autre substance) qui serait très toxique, donc très dangereux, ne représente pas un risque important pour la population s’il ne sort jamais du laboratoire. Par contre, il peut représenter un risque pour des travailleurs qui y seraient exposés. Si le risque est reconnu et que la substance est tout de même jugée nécessaire à la société, elle peut être autorisée si le fabricant prouve qu’il est possible de prendre les mesures nécessaires de maîtrise du risque (masques, gants, tenues spéciales, ventilation, etc.).
Quelques rappels sur la règlementation en toxicologie
La décision règlementaire d’autorisation de commercialisation d’une substance chimique est une opération complexe. Parmi les éléments sur lesquels elle se fonde, figurent les tests de toxicité pour l’homme, sujet de cet article. Pour pouvoir être pris en compte à des fins de décision réglementaire, ces tests doivent avoir été validés (par un organisme de référence, ECVAM en Europe) et avoir reçu une acceptation réglementaire (les « lignes directrices » de l’OCDE recensent les tests reconnus à l’échelle internationale). Les protocoles de ces tests sont ainsi définis très précisément et appliqués partout dans le monde. Nous faisons deux critiques principales à ce système : 1) le processus de validation et d’acceptation réglementaire étant trop long (jusqu’à une quinzaine d’années), des méthodes parmi les plus modernes, valables scientifiquement, ne sont pas utilisées à des fins règlementaires ou peuvent l’être en complément et non comme source d’information principale ; 2) la validation d’une nouvelle méthode d’essai se fait par comparaison avec les résultats obtenus lors d’essais sur des animaux, alors que les essais sur des animaux n’ont jamais été validés par comparaison avec les données humaines !
La science et la technologie progressant de plus en plus vite, il existe un grand décalage entre les méthodes et les concepts valables du point de vue scientifique et ceux pris en compte par la règlementation. Pour compliquer le tout, certaines règlementations sont en contradiction avec d’autres : les tests imposés pour déterminer la toxicité d’une substance chimique ne sont pas les mêmes selon que cette substance soit un cosmétique, un pesticide, une substance industrielle ou un médicament. Il est interdit de tester un cosmétique sur des animaux alors qu’un médicament doit obligatoirement avoir été testé sur au moins deux espèces animales. Pourtant, les substances que nous appliquons sur la peau peuvent toutes pénétrer dans le corps. Voir, par exemple, les études de P. Darbre qui a trouvé des parabènes (substances contenues dans certains déodorants) dans des biopsies de tumeurs aux seins (Journal of Applied Toxicology, 2004, vol 24, pp 167-76).