Nous sommes heureux de partager avec vous la 8e édition de FOCUS, la table ronde semestrielle de Skinobs consacrée à l’évaluation de la sensibilité cutanée.
Cette nouvelle publication contient 8 articles partageant 8 perspectives et points de vue différents :
Accédez aux articles dans la version Flipbook
Accédez au PDF des articles: FOCUS #8 – Sensitive Skin Evaluation.2306
La peau joue de multiples rôles de protection, de perception, d’immunité, de régulation ou de réservoir sanguin et lymphatique pour l’ensemble de l’organisme. Grâce à plusieurs réactions mécaniques, chimiques, ou biologiques (sébum, biofilm ?), la peau assure son intégrité en fonction des différentes variations environnementales endogènes ou exogènes. Aujourd’hui, l’augmentation des phénomènes de fragilisation de la peau est un enjeu majeur dans le développement de la dermocosmétique.
La notion de peau sensible est un sujet d’actualité depuis plus de 30 ans pour les formulateurs de l’industrie cosmétique. L’irritation cutanée, parfois confondue avec la peau allergique, se traduit par des rougeurs, des squames, des vésicules. La peau sensible est souvent associée au ressenti du consommateur. Depuis les années 90, il y a eu une évolution dans la compréhension de ce mécanisme cutané en Europe qui a conduit au développement de produits spécifiquement orientés vers ce type de peau. L’apport de la recherche académique dans les domaines de l’innervation cutanée, de la communication intercellulaire, de la protéomique ou de la génomique a permis de mieux comprendre cette peau et de développer des produits toujours plus adaptés et ciblés.
Trois mécanismes ont été identifiés comme potentiellement impliqués dans la physiologie des peaux sensibles. Il s’agit de :
En effet, la perte de la fonction barrière de la peau entraîne une diminution de la protection des fibres nerveuses cutanées et les expose à l’environnement extérieur. La densité des fibres nerveuses présentes dans la peau peut également jouer un rôle. Enfin, l’hyperactivité neuronale s’explique par la présence de récepteurs qui ne protègent plus, mais induisent des sensations de douleur, de chaleur et de démangeaison dans la peau sensible.
La peau sensible peut donc toucher toutes les périodes de la vie, du nourrisson à la personne âgée. Les bébés sont particulièrement sujets aux rougeurs et aux irritations en raison de leur barrière cutanée encore immature. Ils ont un film hydrolipidique plus faible, un derme fin, une peau plus perméable et une protection contre le soleil et la chaleur quasi inexistante. La peau des adolescents peut également présenter une certaine sensibilité en raison de l’utilisation de nettoyants agressifs, laissant la peau hypersensible. Quant aux peaux matures, elles sont particulièrement vulnérables aux agressions extérieures telles que la pollution, les UV, la lumière bleue et la chaleur… L’activité des glandes sébacées ralentit avec les années et la peau devient plus fine et plus déshydratée. L’utilisation constante de gel hydroalcoolique et de savon sur les mains, devient un nouveau paramètre à prendre en compte dans la considération de la sensibilité de la peau des mains. La modification de l’écosystème cutané qui en résulte est importante et peut s’apparenter au dessèchement et à l’altération de la barrière cutanée. Appelée « dermatose invisible », « atopie », ou « peau réactive », la peau sensible est un phénomène récent puisqu’elle aurait été décrite pour la première fois dans la seconde moitié du 20ème siècle. Il s’agit d’une affection fréquente qui touche aujourd’hui plus d’un Européen sur deux et qui est répandue dans le monde entier. On sait aujourd’hui qu’un Français sur deux est touché, alors qu’en Chine et en Corée du Sud, ce sont 62% des femmes qui ont la peau sensible. Les causes de la prévalence plus élevée en Asie par rapport aux pays européens seraient dues au surmenage et au stress, ainsi qu’à l’exposition à la pollution dans les grandes villes.
Les études cliniques associées à des évaluations biométrologiques in-vivo sur l’homme permettent d’observer les signes fonctionnels cutanés et de décrire la peau saine et les différents signes de manifestations sensibles. Les effets apaisants sont associés à la réponse à l’environnement (eau, vent, soleil, pollution, froid), aux conditions physiologiques spécifiques de la peau, aux facteurs internes ou au mode de vie.
Ainsi, les produits de soin de la peau du visage et du corps, protègent d’abord, puis restaurent la fonction barrière, renforcent la matrice extracellulaire, réparent, apaisent le prurit et limitent les démangeaisons, régénèrent ou calment les irritations et les rougeurs. Ils peuvent également réduire l’inflammation et aider à traiter les dermatites allergiques de contact et atopiques, même s’il n’est pas cosmétiquement correct de le dire sous certaines latitudes réglementaires.
La plateforme de tests cliniques Skinobs répertorie plus de 30 méthodes qui répondent à cette allégation, en plus d’autres méthodes telles que les tests consommateurs, les scores cliniques, l’analyse sensorielle et les études neurosensorielles.
L’étude des émotions a gagné la cosmétique depuis quelques années avec tout d’abord l’évaluation du bien-être par les questionnaires de qualité de vie et les auto-évaluations des tests consommateurs. Dans le cas particulier des peaux sensibles, les émotions, phénomènes physiques et instinctifs complexes, provoquent des signaux corporels inconscients qui peuvent être mesurés instantanément et objectivement.
En matière d’apaisement, l’étude multidimensionnelle des émotions permet d’évaluer un large éventail de perceptions provoquées par l’application d’un produit sur une peau sensible et les améliorations de la représentation de soi ainsi que les effets physiologiques induits.
Pour objectiver scientifiquement les émotions, il est nécessaire de prendre en compte dans la conception des protocoles, l’allégation recherchée, le type de produit étudié, le type de peau sensible et d’intégrer la combinaison des 3 composantes des perceptions :
L’évaluation des ingrédients, des actifs et des produits finis est au cœur de l’activité de l’industrie cosmétique et alimente chaque étape du développement du produit. Soumis à des réglementations mondiales, influencé par les dernières pratiques numériques et les nouvelles habitudes des consommateurs, et inspiré par les technologies de l’IA, de la réalité virtuelle et de l’impression 3D, le monde des tests est défié par l’objectivation de la performance des soins dédiés aux peaux fragiles.
Des innovations majeures dans l’objectivation de la perception restent à venir si l’on considère les dernières recherches sur les récepteurs sonores, gustatifs, olfactifs ou visuels présents dans les kératinocytes. De manière complémentaire, les innovations en matière de tests seront initiées par de nouveaux développements actifs, sans parler du rôle le plus prometteur des cannabinoïdes dans le traitement des démangeaisons. Plus les mécanismes à l’origine du phénomène des peaux sensibles seront compris, plus les industries cosmétiques seront en mesure d’offrir des solutions efficaces et durables pour traiter les peaux sensibles, grâce à l’élaboration de formulations ciblant spécifiquement ces mécanismes.
Anne Charpentier
CEO
Skinobs
En réponse aux récents cas de cosmétovigilance rapportés par l’ANSES, la FEBEA tient à rappeler…
Fondée en 2015 par un groupe de scientifiques de Harvard University (États-Unis), de l’ESPCI Paris…
L’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a annoncé mercredi 30 octobre avoir identifié des substances…